Familières surréalités
Le rapport qu’entretient Chantal ROUX avec les mouvements des gens, des animaux, des objets du quotidien est de l’ordre de l’immersion rêveuse, de l’attention à la fois flottante et acérée, de l’étrangeté de proximité. Il y a dans ses écrits comme dans sa peinture une dimension « fantastique » d’autant plus forte qu’elle reste humble, non spectaculaire et à peine suggérée, d’autant plus dense que cette surréalité se nourrit du contact étroit avec la réalité.
Ce sentiment global, immédiat, bienveillant, non analytique des êtres et des choses de la vie est une pâte qui se fait peinture. Il n’est pas l’objet de la peinture il est sa matière même.
C’est une peinture qui ne raconte pas, ne décrit pas, ne s’éloigne jamais d’elle-même pour rester toujours dans l’intimité sensible d’un vécu comme mystère permanent. Une peinture figurative certes, mais venue de l’intérieur du regard pour mieux aller au-delà de lui,
transcender la représentation, s’épanouir en région de douce poésie, questionner silencieusement sa propre présence au monde.
Pierre Souchaud